Le printemps 2017 apparaît sous l’égide de la mobilisation du milieu culturel. Face au désenchantement ambiant, au manque d’actions porteuses et d’envergure de la part du gouvernement, le milieu a décidé de se tenir debout et de faire entendre sa voix. On se souvient que le 24 avril dernier, près de 500 artistes et travailleurs culturels se sont rassemblés sur la place Notre-Dame dans le Vieux-Montréal pour réclamer une augmentation des budgets du Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ), le grand laissé pour compte du dernier budget provincial.
De plus, comme je l’ai déjà rapporté, la campagne La culture, le cœur du Québec – Pour des carrières durables en culture était lancée le 14 février 2017 afin de protester du fait qu’aucun représentant de la culture n’était invité au Rendez-vous national de la main-d’œuvre ni à siéger à la Commission des partenaires du marché du travail. De cette campagne est née La Coalition, La culture, le cœur du Québec (CCCQ). Menée par un comité directeur composé des représentants de 11 organismes membres, dont Culture Montérégie, la coalition a réussi à mobiliser à ce jour 46 organismes culturels (associations et regroupements nationaux, conseils de la culture, etc.) de toutes les régions du Québec.
Vers un plan d’action gouvernemental pour les ressources humaines en culture
Le premier objectif que s’est donné la CCCQ est l’élaboration d’une esquisse de plan d’action pour les ressources humaines en culture. La CCCQ réclame qu’un volet de la future Politique culturelle du Québec soit consacré aux ressources humaines et qu’elles constituent l’un des enjeux majeurs du plan d’action qui en émanera. La CCCQ a fait parvenir, le 2 juin dernier, une lettre et le plan d’action au ministre Luc Fortin avec une demande de rencontre imminente. Un communiqué a également été diffusé nationalement le lundi 5 juin.
Comme le rappelle le communiqué de la coalition, « […] les quelque 150 000 artistes, artisans et travailleurs culturels du Québec représentent 3,7 % de la population active et génèrent 3,5 % du PIB, la CCCQ fait état de quatre grandes ambitions pour le secteur des arts et de la culture :
- qu’il soit reconnu comme un secteur créatif, innovant et stratégique pour le Québec;
- qu’il dispose des ressources essentielles au maintien de sa compétitivité sur les marchés locaux, nationaux et internationaux;
- qu’il obtienne le soutien nécessaire au développement professionnel des artistes, des artisans et des travailleurs culturels, salariés ou travailleurs autonomes;
- qu’il soit en mesure d’offrir des conditions de rémunération concurrentielles pour faire face à la pénurie anticipée de ressources humaines, aux transformations des pratiques et de l’emploi, à la forte concurrence mondiale et aux défis du numérique. »
Nous vous invitons à prendre connaissance du plan d’action proposé par la CCCQ, à vous l’approprier et à relayer le message le plus largement possible. Ces enjeux nous concernent tous quel que soit notre statut, notre génération, notre condition socio-économique et notre région. Souhaitons ardemment que notre voix soit entendue. Souhaitons qu’enfin l’avenir de la main-d’œuvre en culture devienne une priorité gouvernementale pour que les conditions de travail et de pratique des artistes et des travailleurs culturels s’améliorent plutôt que de se dégrader inéluctablement.
Les conditions de pratique, un dossier prioritaire pour Culture Montérégie
Participant activement à ce mouvement, Culture Montérégie s’est aussi donné comme mandat de réfléchir aux conditions de pratique des artistes et aux conditions de travail en culture en Montérégie. Déjà Isabelle Menier, agente de documentation à Culture Montérégie, effectue, depuis plusieurs semaines, une veille et une recherche approfondie sur le sujet. Nous avons également amorcé notre Tournée du 40e anniversaire à laquelle sont conviés artistes et travailleurs culturels. Lors de ces rencontres conviviales, nous pouvons constater que les principales préoccupations des intervenants sont : le sous-financement chronique, la précarité, les emplois multiples, le manque de lieu de création et de diffusion, le transfert de connaissances et la difficulté d’assurer une relève, l’essoufflement, les enjeux de gouvernance, etc. Ce chantier autour des conditions de pratique amorcé par Culture Montérégie se poursuivra avec la tenue d’un colloque et d’un forum d’ici deux ans.
Bref, nous aurons très certainement l’occasion de reparler de ce dossier capital pour la consolidation, le sain développement et l’avenir de notre milieu. En attendant, je vous souhaite un magnifique été, plein de découvertes, d’inspiration et de rencontres!
Franck Michel