La crise sanitaire que nous traversons remet en cause nos habitudes et nos comportements. Le mode « survie » fait ressurgir le désir de consommer localement, par solidarité. Loin d’un mouvement de repli, il s’agit d’une occasion de valoriser nos savoir-faire et nos produits. Le panier bleu Québec et les autres initiatives du même ordre sont un exemple de la force de mobilisation de tous vers un but commun, qui consiste entre autres à consommer de façon responsable.
Et s’il en était de même des productions télévisuelles, cinématographiques, vidéos ou musicales ? Certes, on voit poindre en ce moment un grand nombre d’initiatives pour amener le public d’ici à s’intéresser et à acheter les œuvres de nos artistes. On se prend à rêver qu’un tel mouvement conduise à la création d’une véritable plateforme nationale pour nos contenus.
L’essence de la pensée numérique se trouve dans la créativité, la collaboration, la mise en commun d’expertises et le processus itératif. Dans cette perspective, pourrait-on mettre à contribution la connaissance et les contenus de joueurs comme Vidéotron, La Fabrique culturelle, Éléphant, ICI TOU.TV ou l’ONF pour offrir une expérience de navigation et de découverte intéressante et facile d’accès au public québécois ?
Des pays comme la Suède et la Finlande expérimentent de nouvelles formules gratuites pour leurs réseaux de télévision. SVT en Suède et Yle en Finlande sont au coude-à-coude avec Netflix, Yle touchant chaque semaine jusqu’à 94 % des Finlandais. En France, la plateforme Salto amène trois géants français de la télévision : France Télévisions, TF1 et M6, à unir leurs forces pour lancer une plateforme de diffusion en ligne visant à concurrencer les géants américains, dont Netflix.
Plus près de nous, le gouvernement du Canada annonçait il y a quelques mois qu’il allait investir 14,6 millions de dollars sur cinq ans pour appuyer la création d’une nouvelle plateforme numérique pour diffuser des produits audiovisuels francophones : TV5MONDE Plus.
En 2020, la donnée vaut de l’or, mais avant la donnée, il y a le contenu. Et en ce temps de solidarité, nous sommes nombreux à vouloir valoriser ce que nous produisons ici. Saisissons cette occasion de nous doter d’une plateforme nationale pour nos contenus, ce sont nos artistes, nos auteurs et nos créateurs qui devraient être les premiers à en profiter.
Nancy Bélanger
Directrice générale de Culture Montérégie